L E S F R E S Q U E S D E N I C O L A Ï G R E S C H N Y
E G L I S E S A I N T - L A Z A R E
L'Église St-Lazare du Mans possède des fresques exceptionnelles exécutées en 1956 par le grand artiste Nicolaï Greschny. Ces fresques sont d'inspiration orthodoxe et uniques au Nord de La Loire, elles sont impressionnantes par leur qualité artistique et bien conservées malgré les problèmes d'humidité. L'Association a engagé et continue d'engager des actions pour résoudre ce problème et restaurer ces peintures.
L'association organise des visites guidées et a édité une brochure en 2010, rééditée en 2018.
Cet artiste est né à Talinn ( Estonie) en septembre 1912, il est l'héritier d'ancêtres russes et religieux, peintre d'icônes et de fresques de père en fils. Il fait d'abord un parcours exceptionnel en exil d'un pays à un autre où il frôle plusieurs fois la mort ( Russie, Allemagne – il est sur la liste noire des nazis-, Autriche, Italie, Belgique...).
Au moment de l'Exode en 1940, il arrive en France, à Paris ou il est arrêté sans papier. Il est, à cause de cela, fait prisonnier dans un camp à Argelès-sur-mer dans le Sud de La France ; un camp d'où il s'enfuit pour se cacher dans la montagne noire. Il y est passeur d'hommes entre la frontière franco-espagnole et peint nombreuses chapelles pour survivre.
Sur la vie et l'oeuvre de l'artiste, consultez le site des Amis de Nicolaï Greschny
Greschny a peint près de 40 000 m2 de fresques dans 90 sites repertoriés dans la brochure PLMO.
Après la guerre il demeure dans la région toulousaine et albigeoise où il s'installera jusqu'à la fin de ses jours. Il décède en 1985. Il repose à la Maurinié prés d'Albi dans le Tarn dans la chapelle orthodoxe construite par ses soins. (hameau où nous avons retrouvé son épouse et son fils également peintre de fresques et d'icônes).
A gauche du chœur, on peut remarquer des personnages représentés sous le manteau de la vierge , il s'agit de Mr & Mme Gustave Dubois, parents de Mgr Marcel Dubois. Ce dernier était né rue d'Eichtal et baptisé dans cette église. Il fut vicaire de la cathédrale du Mans, puis évêque de Rodez et enfin archevêque de Besançon.
En 1956, il souhaite faire un cadeau à la paroisse de ses parents et propose de faire décorer l'église. Il envoie Greschny qu'il avait beaucoup fait travailler à Rodez.
L'artiste vient donc créer ces fresques ici au Mans, fresques qu'il réalise en cinq semaines en août 1956. Greschny a donc représenté les mécènes à gauche de l'autel, comme la tradition des peintres de la Renaissance italienne.
Il s'agit de peinture sur du mortier frais. "Fresco" veut dire frais en italien. C'est la même technique que celle des dessins des hommes préhistoriques : l'art mural par excellence.
La technique consiste donc à exécuter une peinture murale sur un enduit frais, constitué de chaux et de sable.
C'est un procédé chimique spectaculaire. On fait d'abord un enduit grossier. Puis une seconde couche plus fine. La troisième couche est la peinture avec des pigments appliqués au pinceau. Lorsque le travail sèche en quelques heures, il se produit une carbonisation et une partie de l'eau qui est sortie à la surface forme alors une pellicule.
La couleur est donc fixée à jamais par cristallisation. La réalisation de la fresque exige rapidité et extrême habilité, ce dont Greschny était capable. Très brillant, l'artiste pouvait exécuter très vite et de mémoire son dessin.
La partie exécutée ne restant fraiche qu'une seule journée, Greschny travaillait donc par séquence appelée une giornate. On peut observer les raccords des giornate et on compte dans l'œuvre entière de St Lazare : 30 giornate ce qui correspond bien aux 5 semaines d'exécution de l'œuvre.
Lorsque l'on rentre dans l'église St Lazare comme dans les autres sites peints par Greschny, on est impressionné par l'image du Christ . C'est un pantocrator (du grec « tout puissant »).
Le peintre obéit à une tradition byzantine : un Christ en gloire sous forme divine et non humaine . Il est dans une mandorle en forme ovoïde pour mieux exprimer sa grandeur et sa nature divine. Il est assis sur un trône (cérémonial de la cour de Constantinople). Il tient les saintes écritures dans sa main gauche et lève la main droite dans un geste codifié qui invite à la vie éternelle.
Le Christ est entouré de Marie à sa droite et de Jean-Baptiste à sa gauche qui annonce la venue de Jésus. De chaque côté, en procession : des prêtres et leurs acolytes représentés sous la forme d'anges portent les attributs du sacrifice eucharistique. La composition de la fresque fait penser aux représentations des fastes de Byzance. Les personnages sont debout et en mouvement comme une procession : celle de l'eucharistie. Ils portent les objets de cérémonie : encensoir, croix, cierges etc. Ceux-ci ont été, ici à St Lazare, peints en doré et sculptés en relief par Greschny.
Elles ressemblent à des nuages. Elles répondent à une double préoccupation : celle du croyant qui affirme la présence divine, et celle de l'artiste qui doit occuper l'espace et marquer son travail après sa giornate.
Au dessus du pantocrator : les 4 évangélistes : le lion : Marc , le taureau : Luc, L'ange : Matthieu, et l'aigle : Jean. Tout en hauteur : une main qui est le symbole de Dieu . De chaque côté : des anges portent les attributs, vêtements du prêtre et de l'évêque (celui qui a commandité les fresques).
Il s'agit d'un dialogue entre l'ancien testament (Transept Nord) et le nouveau (Transept Sud). Comme l'écrivait le théologien Augustin : Le Nouveau Testament est caché dans l'ancien et l'Ancien se dévoile dans le Nouveau. On a donc ici cet effet souhaité par Greschny qui avait une grande culture religieuse – il a fait des études de Théologie en Belgique et ses ancêtres étaient Popes (prêtres de l'Eglise orthodoxe). Ici à St Lazare, chaque image de l'ancien testament a sa correspondance géographique dans le nouveau.
Abraham au chêne de Mambré - Abel tué par son frère Caïn - Le sacrifice d'Isaac - Moïse nourrit le peuple - Moïse frappe le rocher - La rencontre de Melchisedech - Le Christ appelant Samuel dans son sommeil – Adam & Eve mangeant le fruit défendu - Joseph & Jésus sur le bois de la croix (avec les outils du charpentier portés par un ange). Puis les ancêtres (la généalogie) de Jésus .
Le repas d'Emmaüs - Les noces de Cana - La multiplication des pains - L'annonce faite à Marie - Jésus présenté au temple - La nativité - La cène - Jésus crucifié - La vierge Marie protectrice des parents Dubois.
Dans toutes ses créations, Greschny tient beaucoup à réaliser un décor et des personnages locaux. Ainsi vous remarquerez pour la scène de nativité, le décor de la rivière et de la cathédrale du Mans. De même les enfants qui sont sur les côtés des transepts et du chœur (nous avons retrouvés ceux–ci, en 2010 et ils nous ont raconté ce moment où l'artiste les avait fait poser). En plus des parents de l'évêque, nous avons aussi le personnage d'Adam pour lequel Michel Charpentier a servi de modèle.
Brochure n°1 : Les Fresques de N. Greschny éditée par PLMO à se procurer.
Article Ouest-France - Inauguration des fresques en novembre 1956
La fresque en bas de l'autel a disparu à la fin des années 60
au changement de l'orientation de l'autel
Consultez ces autres sites patrimoniaux : La Vie Mancelle et Sarthoise - Société d'Agriculture Sciences et Arts de la Sarthe - Cercle Généalogique Maine Perche -
Les Amis de Nicolaï Greschny - Association Patrimoine Verney - Le Pré en musique - Patrimoine et lavoirs en Sarthe - Fondeurs d'Antoigné - Rotonde de Montabon -
Muséotrain de Semur-en-Vallon - ARMAB réplique de La Mancelle Bollée - Société Historique et Archéologique du Maine - La Citadelle des Anges à Téloché - sARThelaine
Service Patrimoine Région Pays de La Loire : Quartier St-Pavin-des-Champs - Quartier St-Georges-du-Plain
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